Les deux phases de la connaissance de soi

J’ai déjà évoqué ce sujet plusieurs fois, mais je n’ai jamais expliqué le fond de ma pensée.

Il existe deux manières de se connaître soi-même. D’un côté il est possible de se connaître en tant que personne. Certains parleront de faux soi, ou d’ego. D’un autre, il est possible de se connaître en tant que principe universel. Certains parleront de vrai soi ou de conscience. On trouve donc d’un côté le développement personnel, d’un autre la spiritualité qui au contraire est une quête impersonnelle.

Il existe aujourd’hui une très grande confusion à ce sujet. La plupart des pratiquants et enseignants spirituels entremêlent les deux, le plus souvent sans même avoir conscience qu’il s’agit de choses différentes. Mais ce n’est pas le sujet de cet article.

Les moines, qu’ils soient bouddhistes ou chrétiens sont au contraire parfaitement conscients de cette différence et s’accordent pour affirmer que la recherche personnelle est contraire au cheminement spirituel. Par exemple, j’ai lu un bénédictin qui expliquait qu’une personne qui se cherche ne peut pas faire un bon moine, parce qu’un bon moine cherche Dieu. Dans le même ordre d’idée, Matthieu Ricard a écrit un article il y a quelques semaines pour dénoncer la quête égoïste du développement personnel, à l’opposé de la quête altruiste de la spiritualité.

Même si ces deux chemins semblent diamétralement opposés, sont-ils vraiment incompatibles ? À mon avis, non. Déjà, parce que nous ne sommes pas des moines. Une personne qui a fait vœu de pauvreté, de célibat, de chasteté, de stabilité, d’obéissance a déjà en grande partie renoncé à elle-même. Il ne lui reste pas grand-chose d’autre à faire que de chercher le spirituel. D’autant que les moines vivent entre eux et recherchent la même chose. Mais pour quelqu’un qui vit dans un monde dominé par le superficiel, le chemin ne peut être exactement le même.

Il est clair que la majorité des personnes qui sont attirées par les mouvements spirituels sont en réalité dans une quête personnelle. Le plus souvent, lorsqu’on exprime des principes spirituels à une personne, soit elle les refuse, soit elle les admet intellectuellement, sans les assimiler profondément. Mais dans les deux cas, cela ne l’aide pas à avancer. Alors que le développement personnel aide une grande quantité de personnes.

Mais, même si c’est la personne que nous sommes qui fait obstacle au spirituel, et même si le développement personnel ne fait que travailler au niveau de cette personne, pour moi, l’obstacle est le chemin. Une personne qui pratique assidûment le développement personnel pendant des années finira bien par se rendre compte qu’elle tourne en rond, que la libération qu’elle attend ne vient jamais. Même si elle considère ce qu’elle pratique comme de la spiritualité.

Prenons un exemple. L’advaïta vedanta affirme que le soi est la chose la plus naturelle et qu’aucun effort ne peut nous y conduire. Il suffit de reconnaître que tout est déjà là. Ou qu’aucune personne ne peut connaître de libération parce la libération commence lorsqu’on ne s’identifie plus à une personne. Bien entendu, tout cela est vrai. Pour quelqu’un qui a pratiqué assidûment pendant des années, l’assimilation de telles affirmations entraînera une grande libération.

Mais pour quelqu’un qui n’a que peu d’expérience, un tel enseignement est souvent un piège, une leçon qui même bien apprise, ne mène nulle part. Ce n’est pas la pratique qui mène au soi, mais la pratique reste nécessaire pour atteindre les portes du soi. Dans la kabbale, il est question de 50 portes dont les 49 premières peuvent être ouvertes par nos efforts, la dernière s’ouvrant « d’en haut ». Dénigrer le développement personnel au profit du spirituel, c’est vouloir qu’une personne ouvre la dernière porte (bien qu’en tant que personne, il est par principe impossible de l’ouvrir) alors qu’elle n’a pas franchi les 49 premières.

Nous avons tendance à traverser la vie dans une transe d’inconscience, de mauvaise foi et d’irresponsabilité. Lorsque quelque chose ne va pas, nous cherchons une raison à l’extérieur. Puis au lieu d’observer et de nous détacher, nous refoulons nos mauvaises expériences. Nous croyons les avoir fait disparaître, mais elles continuent de nous hanter. Même si nous recherchons le spirituel, il est difficile de sortir de ce schéma. On ne peut pas simplement dire, « ne t’inquiète pas, le soi est la chose la plus naturelle ». Parce que le soi est conscience et que la manière dont nous vivons est aux antipodes de la conscience.

Par contre, par le développement personnel, une personne peut devenir plus vraie, plus mature, plus détendue, plus consciente. Et plus apte à prendre conscience de sa propre insignifiance. Cela peut sembler paradoxal de chercher à se développer en tant que personne alors qu’au contraire, la spiritualité consiste à annihiler cette même personne.

Nous sommes bien souvent trop attachés à notre vie en tant que personnes pour accepter le message spirituel. Au départ, nous avons le sentiment que si nous mettons de côté ce que nous sommes en tant que personnes, nous n’existerons plus. Mais au contraire, la personne psychique est comme un zombie et la mettre de coté permet à la vie de se manifester pleinement. Mais le répéter n’a aucune valeur de persuasion. Il faut être prêt à l’entendre.

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