Les dangers de la non-dualité

J’ai déjà un peu évoqué ce sujet. Mais vu la quantité de monde qui se fait « avoir », je me dis que je pourrais l’approfondir.

La non-dualité est une bonne approche. À un certain stade, il est même nécessaire de s’y intéresser pour continuer son chemin.

Le problème est que lorsqu’on s’y intéresse trop tôt on risque de tomber dans deux ornières.

Le premier risque est de mémoriser le système de pensée non dualiste et de le répéter sans avoir vécu les choses.

Il est très facile de tomber dans ce piège, car le plus grand best-seller spirituel a été écrit par quelqu’un qui ne fait que répéter. Comme inconsciemment, nous adoptons les limites des personnes que nous considérons comme des enseignants, cela augmente le risque.

Les non-dualistes ont tendance à dénigrer la pratique spirituelle, car elle entretient la séparation entre spirituel et non spirituel. À un certain stade, ils ont raison. Mais pour arriver à ce stade, il faut pratiquer.

Certains prétendent qu’il est possible de sauter l’étape de la pratique et de débuter directement par une approche non dualiste. Mais je n’ai encore jamais vu personne avancer de cette manière.

Tous les débutants que j’ai croisés ne font que répéter une leçon et se retrouvent coupés de leur spiritualité.

J’ai même connu une personne expérimentée qui a adopté la pensée non dualiste et qui est restée « déconnectée » pendant des années.

Cette personne s’en est sortie en lisant des mystiques chrétiens. Le discours simple qui parle d’amour, et donne peu de matière à l’intellectualisation a fini par entraîner un déclic libérateur.

Il y a une chose que j’ai apprise d’un enseignant de la lignée de Maharshi. Certains enseignements non dualistes sont volontairement absurdes, ou proposent de faire des choses impossibles. Leur but est de nous sortir de l’automatisme de la pensée et de faire fonctionner notre néo-cortex.

Prendre conscience du caractère illogique de certains enseignements constitue probablement une autre manière de se sortir de cette impasse.

On observe également certains paradoxes parce que le langage ne peut exprimer la non-dualité. Le langage prend naissance dans l’idée que nous sommes séparés du reste du monde.

La deuxième erreur est de se dire que la pensée non dualiste est extrémiste et qu’il est nécessaire d’adapter à sa sauce.

Le plus souvent, l’ego (qui je le rappelle, signifie « je » en grec) ne désigne plus la conscience séparée, mais tout ce qui a mal tourné au niveau de la personne. Le Soi ne désigne plus la conscience universelle, mais tout ce qui est bon dans la personne.

En réalité, l’ego et la personne désignent la même chose. Et le Soi est impersonnel. Cela n’est pas une croyance. Lorsqu’on fait l’expérience du Soi, on ne perçoit plus que le Soi, en chaque chose.

Cette idée peut sembler très monothéiste, pourtant Platon qui était polythéiste affirme que le monde est animé par une conscience unique.

J’ai parlé d’expérience du Soi. Selon les enseignements non dualistes, la connaissance du Soi n’est pas une expérience. En effet, le Soi est éternel, toujours présent. Et le propre d’une expérience est d’avoir un début et une fin.

Cela fait partie des enseignements absurdes dont je parlais. Cet enseignement est utile pour dépasser les limites et sentir l’éternité. Mais du point de vue de notre monde, il est faux.

Même si le Soi est toujours présent en arrière-plan, si je restais dans le Soi, je ne communiquerais plus. À partir du moment où je communique, c’est que j’ai mis fin à ma connaissance du Soi. C’est donc une expérience.

Si la pensée non dualiste est considérée comme étant extrémiste, c’est parce qu’il est question de faire disparaître la personne pour trouver le Soi.

Beaucoup de monde se dit, « si je fais disparaître la personne, je ne serais plus rien ». Dans ce cas précis, le problème n’est pas l’enseignement non dualiste, mais l’identification à la personne. C’est la personne qui n’est plus rien lorsqu’elle disparaît. Mais nous ne sommes pas la personne.

C’est comme une goutte d’eau dans la mer qui serait très attachée à son statut de goutte d’eau. La goutte d’eau se dirait, « si je ne me considère plus comme une goutte d’eau, je disparais ». Mais non, si elle ne se considère plus comme une goutte d’eau, elle sera inchangée. Et elle deviendra consciente de la mer au lieu de la chercher désespérément à l’extérieur.

D’une manière générale, nous avons tendance à penser que tout ce qui nous rapproche du Soi va nous transformer en légume.

Par exemple, l’idée d’éprouver de l’amour dans l’adversité est souvent considérée comme un truc de bisournours qui va nous transformer en légume. En réalité, il s’agit du plus court chemin vers le Soi.

Vous voulez connaître le Soi ? Essayez d’éprouver de l’amour quand tout semble aller mal. Restez concentré sur l’amour pendant des heures et le voile finira par disparaître.

Les personnes qui ont peur de l’amour pensent que leur colère est nécessaire, qu’elle les protège. En réalité, c’est elle notre vulnérabilité. Être bien quand tout va bien et mal quand tout va mal est pire que d’être un légume. C’est un état qui est plutôt comparable à celui de l’engrenage ou de la girouette.

Cet article est un peu plus long que les autres. D’habitude, je fais l’effort d’écrire pour le net. Et quand un article est trop long, je le découpe. Sur le net, les gens zappent d’un contenu à l’autre.

En sortant mon dernier livre, j’ai tourné une page et je me demandais ce que j’allais faire pour la suite sur ce blog. Depuis quelques semaines, lorsque j’écris un article de spiritualité « à la papa » j’ai le sentiment que c’est creux.

D’un autre côté, parler de non-dualité est problématique lorsqu’on constate les dégâts que cela cause. Et dans le fond, il n’y a pas grand-chose à en dire. Décrire une réalité au-delà des mots avec des mots, c’est également un peu creux.

Paradoxalement, ce n’est pas ce que je ressens. Au contraire, je prends du plaisir à le faire. Et j’avais envie de mettre tout cela au clair dans un article unique, même si celui-ci ne correspond pas aux standards du Net.

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